lundi 16 avril 2012

Blanche-Neige, fille de son temps

Lilly Collins dans le film de Tarsem Singh (2012)

Blanche-Neige, sous ses airs de jeune fille éternelle, a quand même plus de deux cent ans, qu'on le veuille ou non, la première version dûe à Ferdinand Grimm datant de 1808.
Et cette année deux films sortent sur le même thème.
Pourtant, quel chemin parcouru du conte au film en passant par le célébrissime dessin animé de Walt Disney (1937), sans oublier toutes les versions moins connues.

Au départ, une jeune fille poursuivie par la jalousie de sa belle-mère et qui se réfugie dans une cabane de mineurs, chercheurs d'or au fond de la forêt. Elle se fait accepter d'eux en faisant le ménage et la vaisselle (la servante soumise). Mais la méchante reine découvre son existence et déguisée en marchande la séduit en lui vendant des colifichets (la femme facile et désobéissante).
A chaque fois, Blanche-Neige est sauvée par l'arrivée des sept nains sauf avec la pomme empoisonnée qui lui reste en travers de la gorge. Elle s'endort et ses admirateurs la déposent dans un cercueil de verre sur la montagne avec une inscription en lettres d'or pour dire son nom et qu'elle était "fille de roi".
Arrive alors, "par hasard" (qui fait bien les choses !), un fils de roi (comme c'est curieux) qui tombe amoureux de sa beauté et obtient que les nains lui donnent le cercueil.
Attention ! Là,  les versions divergent sérieusement : d'après Grimm, le transport du cercueil agite la belle qui recrache le morceau de pomme empoisonnée (pas très poétique mais efficace), d'après Walt Disney, le prince lui donne un baiser qui la réveille (romantique), d'après Tarsem Singh, pas de pomme enfin pas à ce moment là, donc pas de cercueil de verre, mais un prince qui est bêtement envouté  et que Blanche Neige va "délivrer" de son maléfice (féministe et malicieuse). Inversion totale et savoureuse !

Blanche-Neige surfe ainsi sur la vague de ses interprétations, conte qui s'adapte aux époques aussi bien qu'aux pays : originaire d'Allemagne, elle finit à Bollywood dans la version de Tarsem Singh dans un ballet joyeux et coloré qui fait oublier toutes les misères du monde : après la neige vient toujours le printemps.
Et ça c'est le propre des contes de fées.

La meilleure version des contes de Grimm : "Contes pour les enfants et la maison, collectés par les frères Grimm", édités et traduits par Natacha Rimasson-Fertin, Paris, José Corti, 2009, 2 volumes et... un régal !