dimanche 27 mars 2011

Au bois, au bois !





















Bois de Vincennes (droits réservés)

Les barques s'appellent Tintin, Gaby, Jim, Cécile, Eros, Alex, Jules, Lyli, Freddy, Kenza, Claudine et même Apollon ! Le soleil est de la partie, l'air léger, ça sent le printemps.

Monsieur promène son carlin miniature : " Viens par là, tu vas voir ; ça va être super !".
Madame se repose sur un banc en admirant discrètement les biscotos des sportifs.
Mademoiselle court à petites foulées pour ne pas déranger son brushing.
La bande de quatre pousse des cris et se chahute dans la barque en se faisant des frayeurs : "Aïe, aïe, aïe, on va tous mourir !"
Une petite poupée trottine derrière son père qui pousse un vélo à longue tige, en criant d'une voix aigüe: "C'est mon vélo, c'est mon vélo !"
Une mère s'énerve : " Tu viens tout de suite ou je range ton épée !"

Des chiens passent : "Madisson", placide labrador, un anonyme yorkshire portant des bottines et un manteau avec des coccinelles.
Mais oui, c'est le printemps, même pour les yorkshires !
Les pigeons se dandinent, les poneys défilent avec leurs chargements de gamins et de mères en laisse. C'est le printemps !
Les ridicules s'étalent, c'est émouvant aussi.

L'hiver résiste un peu et fait sa mauvaise tête : "Défense de descendre sur la glace !". Mais il n'y a plus de glace, les barques frémissent et les jonquilles sont partout dans l'île.
Le ciel est sans nuage et défie les malheurs du monde.
C'est bien le printemps.
Dans les bureaux de vote, les urnes aussi sont de sortie !

jeudi 24 mars 2011

L'Humanité souffrante


















L'Humanité souffrante aidant le Christ à porter la croix

L'église St-Aubin des Ponts-de-Cé (49) renferme quelques trésors dont une gigantesque fresque peinte à l'époque du roi René (vers 1500). On y voit 12 personnages aidant le Christ à porter sa croix.
Ce thème n'est pas unique : on le retrouve au
 Prieuré aux Alleuds ou à Auvers-sous-Montfaucon (72).
Il traduit un imaginaire chrétien développé à l'époque et destiné autant à frapper les esprits qu'à soulager les paroissiens, eux-mêmes accablés par leurs fardeaux quotidiens. De telles représentations ont disparu des églises comme des consciences.

Cependant, l'Humanité souffrante continue à souffrir. Les derniers événements du monde le prouvent assez.
Mais les images sanglantes diffusées en direct par la télévision finissent par anesthésier davantage qu'une peinture venue du fonds des siècles.


Dossier de presse sur la peinture monumentale au temps du Roi René à l'occasion de l'exposition réalisée en 2008 à la collégiale St-Aubin d'Angers avec publication du beau livre D'Intimité d'Eternité (Somogy)

jeudi 17 mars 2011

Hommage aux victimes




















Un tremblement de terre, un tsunami, une catastrophe nucléaire... Que dire de plus. La coupe est pleine et les mots vains.
Se redire juste ceux d'Haruki Mirakami dans "Kafka sur le rivage" :

"Je me lève, je vais à la fenêtre et regarde le ciel.
Et je pense au temps qui ne reviendra pas. Je pense aux rivières, aux marées. Je pense aux forêts et aux sources. A la pluie, aux éclairs. Aux rochers. Aux ombres.
Et tout cela est à l'intérieur de moi".

De profundis.

dimanche 13 mars 2011

"Aimer, c'est agir"




















Au château des Roches à Bièvres (91), on peut visiter la demeure de Bertin l'Ainé, patron du "Journal des Débats" qui de 1815 à 1841 y tint un salon et où se réunissait l'élite du romantisme : Chateaubriand, Berlioz, Liszt, etc...
Entièrement restauré en 1991 et devenu la "Maison littéraire de Victor Hugo", le lieu abrite manuscrits et ouvrages évoquant l'oeuvre du grand homme. On y voit entre autres ses derniers mots, écrits  quelques jours avant sa mort : "Aimer, c'est agir" (19 mai 1885), document déclaré "trésor national" en 2002.

Dans le parc, une plaque rappelle les tendres vers du poète :

"Oui, c'est un de ces lieux où notre coeur sent vivre
Quelque chose des cieux qui flotte et qui l'enivre ;
Un de ces lieux qu'enfant j'aimais et je rêvais
Dont la beauté sereine, inépuisable, intime
Verse à l'âme un oubli sérieux et sublime
De tout ce que la terre et l'homme ont de mauvais" (V.H., Bièvre, Les Feuilles d'automne).

On les complètera par ceux-ci, tirés du même recueil (1841) :

" Ici l'âme contemple, écoute, adore, aspire
Et prend pitié du monde, étroit et fol empire".

jeudi 10 mars 2011

Tête de linotte




















L'hiver cède peu à peu et la nature se réchauffe sur les plages de soleil où pointent les jonquilles.
L'écureuil soudain enflamme le jardin à la recherche de ses pépites, s'affole et fouille.
Tête de linotte, tu n'as pas tenu à jour la carte de tes noisettes !
Heureusement, le hasard fait parfois bien les choses et te voilà, tout étonné, qui grignote un butin de roi, te rassasiant pour trois jours.
Une noix, grosse boule entre tes moustaches frémissantes.
Ta queue fait un éventail roux sur ton dos. 
Petit bonheur perché.

lundi 7 mars 2011

Vous est-il venu voir







































Au détour d'un passage, à Bercy-Village, la poésie vous saute aux yeux, avec ses princesses de Chine et ses paons merveilleux.
C'est le printemps des poètes, il fait beau, les familles font cahoter les bébés dans les poussettes, les filles taille mannequin-haut talons se tordent les chevilles sur les pavés, les hommes d'affaires fument des troncs d'arbres en rigolant et en sirotant des cognacs, les canards tournent de l'oeil à l'heure de la sieste et le soleil donne à tous un air de bien-être alangui.
C'est l'heure de prendre un livre et de partir en poésie, en Chine ou ailleurs.
La Fauvette masquée aime bien les paons sauvages.
La poésie est un voyage, par les Messageries, par les passages, par les oiseaux.
Un voyage au long cours, sur un banc, au soleil.
Sur une chaise, dans sa chambre.
Dans sa tête.