lundi 28 février 2011

Gloire à tous les soleils

La conquête de l'espace, Jean Lurçat

Faisons encore un peu tapisserie, voulez-vous ? Pénélope nous y invite...

L'univers est peuplé,  chez Jean Lurçat, d'êtres magnifiques, de soleils et de joie, mais aussi parfois de fulgurences maléfiques, comme dans la vie.

L'écrivain Vercors, auteur du bien connu Silence de la mer,  lui a offert en 1957 une préface poétique pour ses Tapisseries éditées entre 1939 et 1957.


La modernité de ce texte flamboyant saute aux yeux.

A lire, à lire des yeux, à lire à voix haute, à lire la tête haute.

Gloire à tous les soleils,
À ceux qui se partagent pour mieux se donner,
À ceux qui se multiplient pour mieux chauffer,
À ceux qui nous apprennent les mouvements de l’horloge,
À ceux qui sont gros d’autres soleils, ou de fleurs, ou de fruits, de poissons, de taureaux et de taurillons, d’une brebis grosse d’un agnelet, de mains unies, d’insectes magiques,

Gloire au soleil de la Liberté qui éclipse l’astre noir des prisons et des tortionnaires de la terreur et de la mort,
À celui qui repousse dans la nuit des siècles le monstrueux scorpion à têtes de minotaures des vieilles sauvageries
À celui qui, d’un de ses rayons, allume l’esprit de l’homme, comme d’un doigt le Dieu de Michel-Ange.

Gloire à cette lumière,
À sa fille de bonne espérance,
Contre toutes les cornes de désabondance,
Contre tous les lansquenets monstrueux d’une anticréation avide de dévaster, consumer, avilir,
Contre tous les loups enragés, les diables pirates, les chiens hurleurs des nuits sanglantes,
Contre toute la grande peur du monde.





samedi 26 février 2011

Pénélope et l'oiseau




















Toutes les nuits, Pénélope défaisait sa toile et tous les matins la recommençait, sans se lasser.
Pour lasser les prétendants qui lui voulaient du mal.
A l'aube d'un nouveau départ, "La Fauvette masquée" pense à Pénélope.
Elle se rappelle son nid sur la toile, détruit par un coucou  sans vergogne, et se dit qu'après tout, elle peut bien faire comme Pénélope et tisser à nouveau.
Pénélope était volontaire et faisait face. 
Je l'imagine le soir écoutant la fauvette masquée, cet humble passereau qui niche en Grèce et dans les îles méditerranéennes. L'oiseau lui chante un air de liberté et Pénélope, dans son palais doré, retrouve courage.
"La Fauvette masquée" a de qui tenir : portant Pénélope en son coeur, elle viendra par delà les criques et les vagues, vous chanter, de temps en temps, quelques airs sur le thème "des racines et des rêves".
Les pattes bien agrippées sur les rochers de son maquis, les trilles en toute liberté, lancées vers le ciel.