samedi 31 décembre 2011

Heureuse année 2012 !



L'arbre qui enfonce ses racines dans le sol ne serait rien sans la ramure qui va chercher l'air et la lumière au plus haut du ciel.

En cette dernière journée d'une année souvent bien triste, rappelons-nous que cette énergie peut être la nôtre, car elle est celle de la vie.

Je vous souhaite à toutes et tous une excellente nouvelle année, de beaux projets, de saines réussites, de grands espoirs : au printemps, l'arbre a de nouvelles feuilles et des oiseaux à foison qui chantent dans les branches.

lundi 17 octobre 2011

Jeanne d'Arc et la poésie du quotidien


Blois, chef-lieu du département du Loir-et-Cher.
A première vue, le paysage de ce coeur de France est assez conventionnel : une terrasse, entourée de balustrades en fer forgé reliées par les piliers de pierres elles-mêmes surmontées de pots de fleurs, surplombe la ville et, au- delà, la Loire,  découpant l'immensité du ciel en un carré impeccable.

Au centre, une monumentale statue guerrière en bronze de Jeanne d'Arc à cheval, avec sur le socle l'incrustation d'une pierre gravée indiquant aux passants : " Cette pierre provient du cachot de Jeanne d'Arc à Rouen".
Le touriste est prévenu : il est au centre d'une commémoration historique, "preuve" à l'appui.

D'autant que, s'il vient du château, ce qui est probable, il aura aussi décrypté une autre inscription apposée en 1929, indiquant que Jeanne d'Arc est arrivée à Blois le 25 avril 1429. "Elle y organise son armée, fait bénir son étendard en l'église St-Sauveur et part le 27 avril pour délivrer Orléans".
Pourtant, le temps a passé et les vivants se sont aussi emparés du lieu pour en faire autre chose qu'un lieu figé dans la pierre, bien plutôt un ex-voto à ciel ouvert, un lieu d'échanges et de mots, un hymne à la poésie du quotidien.

L'ensemble des balustrades est orné de rubans, rouges ou blancs, portant des inscriptions personnalisées. Souhaits d'amour, de paix, de santé... qui font une multitude de petits étendards pacifiques repris comme un symbole par un immense ruban flottant au bout de l'épée de Jeanne, devenue gardienne des secrets du quotidien, porteuse d'autres espérances, championne des mots et de leur humble force.

Face à la Loire, elle brandit l'épée contre les maux de la vie : on a envie soudain d'y croire !


samedi 17 septembre 2011

Patrimoine, art et spiritualité

Le château fort de Blandy-les-Tours (77) accueille jusqu'au 23 octobre les oeuvres de l'artiste égyptien Moataz Nasr. L'une d'elles est installée dans le cellier, sombre et profond.
La formule qui se déploie en lettres de néon vert reprend le poème du sage soufi Ibn Arabi (1165-1240) :

Mon coeur peut aujourd'hui accepter toute forme :
Une prairie pour les gazelles,
Un cloître pour les moines,
Pour les idoles, une terre sacrée,
La Ka'ba pour les pélerins en marche
Les tables de la Torah
Les rouleaux du Coran.
Mon credo est l'amour,
Où que sa caravane se dirige sur la piste.
L'amour est ma religion,
Ma foi.

A visiter en ces journées du patrimoine.

lundi 5 septembre 2011

La "rentrée", une source nouvelle

Les feuilles qui tombent, les cartables, les souvenirs de vacances, les bronzages qui pâlissent, les amours éphémères, les nouveaux profs, les nouveaux camarades, l'angoisse de la nouveauté, de l'école... que de choses derrière le mot "rentrée" quand on a l'âge des cours de récré ou des préaux à palabres !

Et pour ceux qui ne sont plus à l'âge scolaire, que de nouveaux départs aussi en ces jours résolument neufs où s'ouvrent des "saisons culturelles", des abonnements nouveaux, des résolutions sportives, des régimes, des choix politiques, que sais-je ?

Comme si septembre était en réalité le début d'un nouveau cycle, le passage d'un état à l'autre, qu'on espère meilleur, plus savant, plus heureux, plus sobre, plus solidaire, que sais-je ?

De fait, le temps qui passe ressemble beaucoup à cette eau qui coule de vasque en vasque : elle semble identique et n'est pourtant jamais la même ; elle semble  transparente et, même très pure, dépose pourtant ses invisibles particules sur tout son passage.

Que cette rentrée nouvelle nous apporte à tous vitalité et fraîcheur, comme une source nouvelle !

dimanche 17 juillet 2011

Hymne à la joie

Non, ce n'est ni une guinguette, ni un hôpital de campagne. C'est une installation artistique de Claude Lévêque pour Agnès B. et les Galeries La Fayette à Paris.

Y arriver relève déjà de l'exploit puisqu'il a fallu trouver l'étage puis trouver la salle d'exposition au milieu des parures et de l'hyper luxe ambiant.

On patine sur du marbre lisse, on frôle des visons blancs en plein été, on admire des montres à mécanismes extraodinaires et prix exorbitants, on respire des parfums d'Orient, on fait "ploucs, ploucs" à chaque pas, mais on finit par trouver une sorte de grotte sombre et là on se dit, ça y est, Platon soit avec nous ! on est sauvés, l'art se dévoile au fond de ce corridor qui nous sépare du monde ordinaire (ici, tout est relatif !).

La lumière est douce et invite à s'avancer. Dans la pièce, des civières sont installées sous des parasols éclairés de petites guirlandes.
On s'allonge donc (plutôt confortable en fait) ; on ferme les yeux et on écoute comme une vague assourdie, l'Hymne à la joie qui vient rouler ses notes dans cet espace feutré.

Ambiance calme et sereine, loin de l'agitation touristique de l'étage et de la rue. L'Hymne devient berceuse et si l'on n'y prenait garde, on s'endormirait peut-être, en pleine régression, protégés par la sourdine et les lumières tamisées.

Un petit moment de zénitude qui laisse perplexe et... n'attire personne.

Le comble de la recherche et de l'acte gratuit dans le temple du luxe.

mardi 21 juin 2011

En avant les musiques !




































(Cliché I. R.)


21 juin 1982, 1ère fête de la musique. Presque trente ans plus tard, c'est devenu une institution.

Que cela ne nous empêche pas de faire vivre cet art au quotidien, en écoutant, en pratiquant, en vibrant...

Petites musiques (de nuit), grande musique des grands jours, musiques du monde, musique intérieure, toutes les musiques de toutes les couleurs !

samedi 18 juin 2011

Facettes de l'Histoire

(Cliché I.R.)

La "modernité" de l'appel du général De Gaulle, le 18 juin 1940, n'est pas à démontrer.
L'usage de la radio pour faire passer le message est en soi un événement majeur consacrant la technologie de la communication.

Il est plus rare de voir son auteur "interprêté" par un artiste contemporain : on a pris l'habitude de voir le général à travers le prisme de la télévision, en noir et blanc, lors de défilés ou de conférences de presse.

La trilogie proposée ici sous le titre "Tryptique" par Fabian Edelstam (né en 1965), est exposée au Mémorial De Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises.
Il s'agit certes d'un portrait officiel et académique mais la composition en rajeunit les codes selon la technique picturale de cet artiste suédois, habitué des célébrités qu'il "recompose", à l'aide de petits rectangles disposés à la manière d'un puzzle.

Histoire de montrer qu'aucune personnalité, même majeure, n'est un bloc homogène et uniforme ?
Et que l'homme de l'appel du 18 juin est aussi composé de multiples facettes  et ne peut se réduire à cet acte, tout fondateur qu'il soit ?

dimanche 12 juin 2011

L'arbre de vie : "The tree of life"

(Cliché I.R.)

Le film de Terrence Malick, primé à Cannes, ne laisse pas indifférent.

Aller le voir le jour de la Pentecôte, lui donne sans doute une dimension spéciale même s'il n'est pas spécialement question d'Esprit Saint mais beaucoup de Dieu, de Grâce, de nature et de bonté.

L'Amérique des années 50 hésite donc entre bien et mal, réussite sociale et amour de la famille.
Les acteurs sont sensibles et remarquables, les images superbes et la musique grandiose entre la Moldau de Smetana qui enveloppe la rivière et les musiques religieuses qui sont très présentes.

Mais cette religiosité a aussi quelque chose d'excessif.

Il s'en dégage une mystique de la nature qui prend des proportions cosmiques, illustrée par de longs (trop longs) plans évoquant la création du monde : océans, volcans, ciels etc... On se retrouve alors dans un documentaire poétique digne de "Connaissance du monde" avec en plus la voix off d'une "sainte mère" endeuillée par la perte terrible d'un  enfant.
C'est beau, envoûtant presque mais le récit lui-même s'évanouit alors et le film perd en cohérence, jusqu'à "l'ultime entrée en paradis" .

Film très américain sans doute dont on apprécie le montage et l'originalité, la beauté plastique mais qui peut provoquer des réserves sur le plan du contenu, sauf à le voir, y compris sur son aspect mystique, comme un documentaire sur les racines de l'Amérique d'aujourd'hui.

mardi 7 juin 2011

Le pays qu'on aime

(Cliché A.R.)

Le pays qu'on aime n'a pas de blés d'or mais des terres noires et mouillées, des fleuves qui deviennent des ciels et ressemblent à des mers, des landes rocailleuses et des jardins merveilleux où les pavots fleurissent au printemps.


Le pays qu'on aime a de grands vents, des falaises immenses et des vagues à l'infini, des pubs sombres et des rires tonitruants.

Le pays qu'on aime reste dans les souvenirs comme ses maisons éparpillées, ses moutons en liberté, ses nuages envolés, ses châteaux de grès, ses îles où Yeats a déposé son âme.

Le pays qu'on aime s'appelle Donegal et l'Irlande est son écrin.

mercredi 25 mai 2011

Voyage historique du président Obama en Irlande





Le président des Etats Unis d'Amérique, en Irlande hier, a salué Dublin et ses habitants en liesse puis s'est rendu dans le village de son arrière-arrière-arrière-grand-père (du côté de sa mère), à Moneygall.

Racines historiques, racines personnelles. Ce retour aux sources, dans un pays marqué par l'émigration massive de ses enfants, avait de quoi toucher les irlandais encore frappés par une nouvelle crise.
Santé, président O'Bama !

mardi 17 mai 2011

Voyage historique de SM la reine Elisabeth II en Irlande

(Cliché I.R.)

Sa Majesté, la reine Elisabeth II, "Queen of the United Kingdom ", est aujourd'hui à Dublin pour se recueillir, recevoir les hommages, planter les graines de la paix, renouer etc... Voyage historique nous dit-on, aucun souverain britannique n'étant venu depuis 1911.
Je ne sais si elle passera devant cette patisserie, bien alléchante et bien placée, ou si le protocole lui fera faire un détour pour "ne pas voir ça !!" ?
Mais si la chose leur avait échappé et qu'elle ait soudain une petite faim et qu'elle pousse la porte et commande un brownie... et si...
Et si le monde était plus simple...
On serait dans un film, peut-être.

dimanche 8 mai 2011

Un dragon dans Paris

(Cliché I.R.)

Avant de mourir, en 2000, l'artiste chinois Chen Zhen a laissé dans Paris une oeuvre monumentale et fantastique : une fontaine/dragon située rue Paul Klee (13e).
Le corps de la bête émerge d'un bâtiment, ancienne usine de captage des eaux de la Ville de Paris, plonge sous terre puis reparaît avant de plonger à nouveau à travers la petite place, laissant jaillir une "fontaine émergente". Sa tête est sans doute déjà dans la Seine !
Mais attention, il peut revenir très vite happer le promeneur... Faites attention si vous passez par là, le dragon de Chen Zhen a peut-être faim.

samedi 30 avril 2011

Vive la mariée ! Vive Caudry !
















Mariage royal de Katherine Middelton et de William Mounbatten-Windsor, second dans l'ordre de la succession du trône d'Angleterre.
Robe d'Alexander MacQueen, dessinée par Sarah Burton. Dentelles de Caudry.
Vendredi 29 avril 2011, 12h, heure anglaise : la dentelle française en mondiovision !

Merci très jolie Madame pour ces superbes images, pour cet excellent choix, pour cette belle cérémonie, pour les grands arbres dans la cathédrale, pour le muguet dans votre bouquet, pour la fantaisie de votre départ en décapotable !

Les ouvrières et ouvriers de "Sophie Halette" et de "Solstiss" à Caudry (Nord), cité des dentelles, peuvent être fiers de leur travail. Le luxe et la qualité ont été à l'honneur et nous ont fait rêver.
Merci à vous aussi pour ce beau moment : beauté, finesse, excellence du travail parfait.

Caudry, cité de la dentelle (600 ouvriers)

Sophie Hallette (depuis 1887) : très beau site à feuilleter avec plaisir !

Solstiss : "tisseur de rêves "!, élégance et raffinement !

samedi 9 avril 2011

"Un geste d'espoir dans un monde de brutes"




















L'inauguration d'une médiathèque est un moment unique, symbolique et puissant.
Celle qui porte le nom de "Romain Rolland" à la cité Cachin de Romainville (93) a été inaugurée ce matin dans la joie et avec la bénédiction des autorités civiles qu'on sentait engagées et profondément solidaires des habitants.
Il y a parfois des mots convenus, dictés par les circonstances. Ceux qui ont été prononcés là ne l'étaient pas.
M. Claude Bartolone, président du Conseil général de Seine-Saint-Denis a parlé avec son coeur pour dire, après Mme le maire de la ville, combien la construction d'une médiathèque était "un geste d'espoir dans un monde de brutes".
Sa conviction et son enthousiasme était tels que les enfants assis jusque là au premier rang se sont levés, prêts visiblement à le prendre au mot pour aller découvrir sans tarder les merveilles de ce lieu  de vie et de partage.
Le bâtiment est beau et lumineux, les rayonnages faciles d'accès. Tout a été conçu pour l'accueil du public et la valorisation la plus large des collections. Tout commence donc ! 
A entendre les invités présents et heureux, je gage qu'ils sauront y revenir et prendre leur carte d'abonnés.
Bravo aux équipes et vive la lecture !

jeudi 7 avril 2011

La relève




















Marcel Petit, était une figure de Dammarie-lès-Lys (77). Figure humble et magnifique.
Né le 10 octobre 1926, résistant et déporté à 15 ans, il a vécu les camps de la mort et gardé de cette terrible expérience, un engagement chevillé au corps pour la défense des droits sociaux et des libertés.
Son souci de la transmission l'a conduit dans les classes à dire la vérité qu'il avait vécue, inlassablement et malgré la souffrance.

L'hommage qui lui a été rendu aujourd'hui a rappelé l'homme et ses qualités profondément humaines.
Quelques poèmes ont été lus par les jeunes des collèges et lycées. "Nuit et brouillard" chanté par Ferrat a été diffusé.

Sous le soleil, les drapeaux ne bronchaient pas, les officiels se tenaient droits avec leurs écharpes et la voix grave planait sur les êtres.

Au premier rang, une petite fille accompagnant son grand-père portait elle aussi son drapeau avec fierté.
Aujourd'hui, j'ai vu des vieux, j'ai vu des jeunes et tous étaient très émus d'être là, d'entendre la sonnerie aux morts et "le chant des marais" qui se termine par ces mots :

"Mais un jour dans notre vie
Le printemps refleurira.
Liberté, liberté chérie
Je dirai: Tu es à moi"


Vidéos témoignages de Marcel Petit (1926-2010).

dimanche 27 mars 2011

Au bois, au bois !





















Bois de Vincennes (droits réservés)

Les barques s'appellent Tintin, Gaby, Jim, Cécile, Eros, Alex, Jules, Lyli, Freddy, Kenza, Claudine et même Apollon ! Le soleil est de la partie, l'air léger, ça sent le printemps.

Monsieur promène son carlin miniature : " Viens par là, tu vas voir ; ça va être super !".
Madame se repose sur un banc en admirant discrètement les biscotos des sportifs.
Mademoiselle court à petites foulées pour ne pas déranger son brushing.
La bande de quatre pousse des cris et se chahute dans la barque en se faisant des frayeurs : "Aïe, aïe, aïe, on va tous mourir !"
Une petite poupée trottine derrière son père qui pousse un vélo à longue tige, en criant d'une voix aigüe: "C'est mon vélo, c'est mon vélo !"
Une mère s'énerve : " Tu viens tout de suite ou je range ton épée !"

Des chiens passent : "Madisson", placide labrador, un anonyme yorkshire portant des bottines et un manteau avec des coccinelles.
Mais oui, c'est le printemps, même pour les yorkshires !
Les pigeons se dandinent, les poneys défilent avec leurs chargements de gamins et de mères en laisse. C'est le printemps !
Les ridicules s'étalent, c'est émouvant aussi.

L'hiver résiste un peu et fait sa mauvaise tête : "Défense de descendre sur la glace !". Mais il n'y a plus de glace, les barques frémissent et les jonquilles sont partout dans l'île.
Le ciel est sans nuage et défie les malheurs du monde.
C'est bien le printemps.
Dans les bureaux de vote, les urnes aussi sont de sortie !

jeudi 24 mars 2011

L'Humanité souffrante


















L'Humanité souffrante aidant le Christ à porter la croix

L'église St-Aubin des Ponts-de-Cé (49) renferme quelques trésors dont une gigantesque fresque peinte à l'époque du roi René (vers 1500). On y voit 12 personnages aidant le Christ à porter sa croix.
Ce thème n'est pas unique : on le retrouve au
 Prieuré aux Alleuds ou à Auvers-sous-Montfaucon (72).
Il traduit un imaginaire chrétien développé à l'époque et destiné autant à frapper les esprits qu'à soulager les paroissiens, eux-mêmes accablés par leurs fardeaux quotidiens. De telles représentations ont disparu des églises comme des consciences.

Cependant, l'Humanité souffrante continue à souffrir. Les derniers événements du monde le prouvent assez.
Mais les images sanglantes diffusées en direct par la télévision finissent par anesthésier davantage qu'une peinture venue du fonds des siècles.


Dossier de presse sur la peinture monumentale au temps du Roi René à l'occasion de l'exposition réalisée en 2008 à la collégiale St-Aubin d'Angers avec publication du beau livre D'Intimité d'Eternité (Somogy)

jeudi 17 mars 2011

Hommage aux victimes




















Un tremblement de terre, un tsunami, une catastrophe nucléaire... Que dire de plus. La coupe est pleine et les mots vains.
Se redire juste ceux d'Haruki Mirakami dans "Kafka sur le rivage" :

"Je me lève, je vais à la fenêtre et regarde le ciel.
Et je pense au temps qui ne reviendra pas. Je pense aux rivières, aux marées. Je pense aux forêts et aux sources. A la pluie, aux éclairs. Aux rochers. Aux ombres.
Et tout cela est à l'intérieur de moi".

De profundis.

dimanche 13 mars 2011

"Aimer, c'est agir"




















Au château des Roches à Bièvres (91), on peut visiter la demeure de Bertin l'Ainé, patron du "Journal des Débats" qui de 1815 à 1841 y tint un salon et où se réunissait l'élite du romantisme : Chateaubriand, Berlioz, Liszt, etc...
Entièrement restauré en 1991 et devenu la "Maison littéraire de Victor Hugo", le lieu abrite manuscrits et ouvrages évoquant l'oeuvre du grand homme. On y voit entre autres ses derniers mots, écrits  quelques jours avant sa mort : "Aimer, c'est agir" (19 mai 1885), document déclaré "trésor national" en 2002.

Dans le parc, une plaque rappelle les tendres vers du poète :

"Oui, c'est un de ces lieux où notre coeur sent vivre
Quelque chose des cieux qui flotte et qui l'enivre ;
Un de ces lieux qu'enfant j'aimais et je rêvais
Dont la beauté sereine, inépuisable, intime
Verse à l'âme un oubli sérieux et sublime
De tout ce que la terre et l'homme ont de mauvais" (V.H., Bièvre, Les Feuilles d'automne).

On les complètera par ceux-ci, tirés du même recueil (1841) :

" Ici l'âme contemple, écoute, adore, aspire
Et prend pitié du monde, étroit et fol empire".

jeudi 10 mars 2011

Tête de linotte




















L'hiver cède peu à peu et la nature se réchauffe sur les plages de soleil où pointent les jonquilles.
L'écureuil soudain enflamme le jardin à la recherche de ses pépites, s'affole et fouille.
Tête de linotte, tu n'as pas tenu à jour la carte de tes noisettes !
Heureusement, le hasard fait parfois bien les choses et te voilà, tout étonné, qui grignote un butin de roi, te rassasiant pour trois jours.
Une noix, grosse boule entre tes moustaches frémissantes.
Ta queue fait un éventail roux sur ton dos. 
Petit bonheur perché.

lundi 7 mars 2011

Vous est-il venu voir







































Au détour d'un passage, à Bercy-Village, la poésie vous saute aux yeux, avec ses princesses de Chine et ses paons merveilleux.
C'est le printemps des poètes, il fait beau, les familles font cahoter les bébés dans les poussettes, les filles taille mannequin-haut talons se tordent les chevilles sur les pavés, les hommes d'affaires fument des troncs d'arbres en rigolant et en sirotant des cognacs, les canards tournent de l'oeil à l'heure de la sieste et le soleil donne à tous un air de bien-être alangui.
C'est l'heure de prendre un livre et de partir en poésie, en Chine ou ailleurs.
La Fauvette masquée aime bien les paons sauvages.
La poésie est un voyage, par les Messageries, par les passages, par les oiseaux.
Un voyage au long cours, sur un banc, au soleil.
Sur une chaise, dans sa chambre.
Dans sa tête.

lundi 28 février 2011

Gloire à tous les soleils

La conquête de l'espace, Jean Lurçat

Faisons encore un peu tapisserie, voulez-vous ? Pénélope nous y invite...

L'univers est peuplé,  chez Jean Lurçat, d'êtres magnifiques, de soleils et de joie, mais aussi parfois de fulgurences maléfiques, comme dans la vie.

L'écrivain Vercors, auteur du bien connu Silence de la mer,  lui a offert en 1957 une préface poétique pour ses Tapisseries éditées entre 1939 et 1957.


La modernité de ce texte flamboyant saute aux yeux.

A lire, à lire des yeux, à lire à voix haute, à lire la tête haute.

Gloire à tous les soleils,
À ceux qui se partagent pour mieux se donner,
À ceux qui se multiplient pour mieux chauffer,
À ceux qui nous apprennent les mouvements de l’horloge,
À ceux qui sont gros d’autres soleils, ou de fleurs, ou de fruits, de poissons, de taureaux et de taurillons, d’une brebis grosse d’un agnelet, de mains unies, d’insectes magiques,

Gloire au soleil de la Liberté qui éclipse l’astre noir des prisons et des tortionnaires de la terreur et de la mort,
À celui qui repousse dans la nuit des siècles le monstrueux scorpion à têtes de minotaures des vieilles sauvageries
À celui qui, d’un de ses rayons, allume l’esprit de l’homme, comme d’un doigt le Dieu de Michel-Ange.

Gloire à cette lumière,
À sa fille de bonne espérance,
Contre toutes les cornes de désabondance,
Contre tous les lansquenets monstrueux d’une anticréation avide de dévaster, consumer, avilir,
Contre tous les loups enragés, les diables pirates, les chiens hurleurs des nuits sanglantes,
Contre toute la grande peur du monde.





samedi 26 février 2011

Pénélope et l'oiseau




















Toutes les nuits, Pénélope défaisait sa toile et tous les matins la recommençait, sans se lasser.
Pour lasser les prétendants qui lui voulaient du mal.
A l'aube d'un nouveau départ, "La Fauvette masquée" pense à Pénélope.
Elle se rappelle son nid sur la toile, détruit par un coucou  sans vergogne, et se dit qu'après tout, elle peut bien faire comme Pénélope et tisser à nouveau.
Pénélope était volontaire et faisait face. 
Je l'imagine le soir écoutant la fauvette masquée, cet humble passereau qui niche en Grèce et dans les îles méditerranéennes. L'oiseau lui chante un air de liberté et Pénélope, dans son palais doré, retrouve courage.
"La Fauvette masquée" a de qui tenir : portant Pénélope en son coeur, elle viendra par delà les criques et les vagues, vous chanter, de temps en temps, quelques airs sur le thème "des racines et des rêves".
Les pattes bien agrippées sur les rochers de son maquis, les trilles en toute liberté, lancées vers le ciel.